Olivier Bohuon est né Le 3 Janvier 1959 à Paris XVI, son père Claude était biologiste et universitaire, sa mère, médecin ; c’est là une bonne ascendance pour un futur pharmacien.
En 1981, il a épousé Alexandra dont il a eu trois enfants : Elodie 27 ans, Jean-Briac 25 ans, François 23 ans, des adultes donc aujourd’hui, ce qui n’est pas sans surprendre quand le père apparait si jeune.
Qu’il soit attaché à Saint Briac est une évidence, au point que l’un de ses enfants se prénomme ainsi. Cet attachement à Saint Briac et sa passion pour la voile, il les doit ici aussi à son ascendance. Son arrière grand-père était Capitaine aux Longs cours, à l’époque des grands voiliers ; originaire de Saint Briac qui a été une pépinière de grands marins, il y demeurait.
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Il fait de bonnes études dans les meilleurs Lycées parisiens, Montaigne et Louis le Grand, études bien évidemment couronnées de succès.
Avant d’aller plus avant, petite pause, le service militaire. Dans le cadre de la coopération, il l’effectue à Casablanca (Maroc) auprès de l’Ambassade de France, ce qui est tout de même mieux que d’apprendre à marcher au pas et à présenter les armes, ce qu’il soit savoir faire cependant car il sait tout faire.
Ce service accompli, il revient à Paris et entre à la Faculté de pharmacie de l’Université Paris XI, dont il sort Docteur en pharmacie en Octobre 1983.
Il intègre alors le Groupe HEC, où il obtient un M.B.A.
Il est prêt pour faire une belle carrière et il va la faire.
1984 : Il entre chez Roussel Uclaf qui lui confie la mission de développer ses intérêts en Irak, au moment de la guerre Iran-Irak.
1986 : simple petit intermède, aux U.S.A. à San Diego – Californie – où il prépare sa thèse « Les outils d’information de l’industrie pharmaceutique »
1986 – 1987 : mandaté par Roussel Uclaf, il intègre le Bosting Consulting Group en qualité de conseiller en stratégie pour l’implantation d’un projet industriel en Arabie Saoudite. Il est basé à Riyad puis à Al Quassim.
1987 – 1988 : il reste en Arabie mais revient chez Roussel Uclaf en qualité de Directeur du marketing et des ventes pour le Proche et le Moyen-Orient.
Il s’installe avec sa famille à Djedda et parcourt le Proche et le Moyen-Orient.
1988 : il refuse le poste de numéro 2 de la filiale indienne qui lui était proposé par Roussel Uclaf pour rejoindre aux Etats-Unis les Laboratoires Abbott.
1989 : Il est nommé Directeur du marketing international pour les anti-infectieux à Chicago.
Il parcourt le monde.
1990 – 1991 : Il part à Madrid en qualité de Directeur de la Division pharmaceutique d’Abbott.
Mais après deux ans passés à Madrid, sa femme veut rentrer à Paris avec leurs enfants.
Privilégiant sa famille, il démissionne, en Octobre 1991, avant même d’avoir trouvé une nouvelle situation et malgré l’opposition du Directeur général qui ne comprend pas qu’il renonce à une si belle situation et à la perspective d’une brillante carrière au sein de la Société.
Mais retrouver une belle situation offrant de belles perspectives de carrière, n’est pas, pour lui, une difficulté. Il la trouve en effet immédiatement.
Octobre 1991 – 1995 : Il devient Directeur du marketing chez Glaxo-France puis Directeur des opérations pour la France. Mais pour diverses raisons, il quitte ce Laboratoire au début de l’année 1995, pour :
1995 – 2001 : …entrer chez Smithkline Beecham France chez qui il occupe successivement les postes suivants :
- Directeur Général Adjoint en charge des Opérations,
- Directeur Général,
- Président de la filiale française.
Il a 40 ans
mais ironie du sort,
Janvier 2001 : Glaxo et Smithkline Beecham fusionnent, la nouvelle entité se dénommant,
GlaxoSmithKline.
Il en devient Vice-président et Directeur des Opérations Commerciales pour l’Europe.
Avril 2003 : le siège européen est transféré à Londres. Refusant de quitter Paris, il démissionne.
Toutefois les Laboratoires Abbott ne l’avaient pas oublié, il est invité à les rejoindre, ce qu’il fait.
Avril 2003 – Février 2006 : Il est immédiatement nommé Président d’Abbott Europe. Le siège étant à Chicago, il demande et obtient qu’il soit transféré à Paris.
Chiffre d’affaires : 3,5 milliards de dollars, effectif : 12.000 personnes.
Février 2006 – Juillet 2009 : En Février 2006, il devient Président d’Abbott International
(Europe, Canada, Asie, Afrique, Moyen-Orient, Japon, et Amérique latine)
Chiffre d’affaires : 9,0 milliards de dollars.
Juillet 2009 : il est promu Vice-président exécutif d’Abbott et Président de la branche Pharma du Groupe, fonction qui inclut la production, la recherche et le développement.
Chiffre d’affaires : 20 milliards de dollars, effectif 50.000 personnes.
Et ce n’est pas fini, n’ayant que 50 ans, il a toute la vie devant lui et est assurément promis à de nouvelles promotions.
Son emploi du temps est des plus simples : 15 jours à travers le monde
1 semaine à Chicago
1 semaine à Paris
Il sait ce que mobilité veut dire.
Ses week-ends, chaque fois que possible et en général, à Paris. Quelquefois à Saint Briac.
Décoration : Chevalier de la Légion d’Honneur, décoré en 2005 pour l’ensemble de ses activités.
Membre de l’Académie française des Technologies
Membre de l’Académie française de Pharmacie
Parle couramment plusieurs langues.
Distractions et sports : pêche, voile, golf, ski
Membre des Golfs de Saint Cloud et Dinard
Et surtout, sa grande fierté, ajoute-t-il, Membre éminent de la célèbre Association Française des Propriétaires de Cornish Crabber dont il sera très certainement, un jour, Président.
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Parcours sans faute, carrière remarquable.
Tout aurait donc été pour le mieux dans le meilleur des mondes feutrés des élites internationales.
Eh bien, non, notre ami a connu bien des aventures, en voici quelques unes.
Des déplacements difficiles et dangereux.
Olivier Bohuon a toujours dû faire preuve d’une extrême mobilité mais ce ne fût pas parfois sans risques.
En 1984 – 1985 alors qu’il travaille en Irak, la guerre Iran-Irak fait rage.
Devant se rendre de Bagdad à Bassora, villes distantes de plus de 1.000 km, Olivier Bohuon ne trouve d’autre moyen de transport qu’un vulgaire camion nullement adapté au transport des personnes.
Il arrive à Bassora, principal port de l’Irak, situé aux bords du Chatt el Arab, estuaire commun du Tigre et de l’Euphrate, débouchant dans le Golfe Persique ; sur la partie aval, le milieu du fleuve marque la frontière entre l’Iran et l’Irak.
L’un des buts de la guerre déclenchée par l’Irak était de déplacer la frontière sur la rive iranienne pour assurer une meilleure sécurité de Bassora.
Quelques jours après son arrivée, les iraniens franchissent le Chatt el Arab pour prendre position sur la rive irakienne.
Il ne pouvait être question de demeurer en cette ville où les plus grands dangers étaient constants.
Olivier Bohuon réussit à se faire évacuer par un hélicoptère qui le dépose dans les environs de la ville où il remonte dans un camion pour parcourir à nouveau, dans les mêmes conditions, le 1.000 km. qui le séparent de Bagdad.
Mais Bagdad n’échappait pas, elle non plus, aux horreurs de la Guerre.
Elle était en effet constamment la cible des missiles iraniens. L’atmosphère de guerre qui y régnait, était très lourde. Les étrangers, et pour cause, y était très peu nombreux.
Toujours pendant cette guerre, Olivier Bohuon, venant d’Amman, capitale de la Jordanie, débarque à l’aéroport de cette ville. Pour se rendre à son hôtel, AL Rashid, situé en centre ville, il doit franchir de nombreux barrages.
Arrivé à son hôtel, il le trouve pratiquement vide, quelques personnalités, des marchands d’armes et un pharmacien, lui-même.
Sur le toit, avaient été installés de puissants projecteurs destinés à repérer les avions en cas de raid aérien.
On le rassure en lui disant que rien n’était à craindre.
Deux heures plus tard, un missile frappe le dernier étage de l’hôtel et un incendie se déclare.
Les occupants trouvèrent refuge dans la cave de l’hôtel où ils passèrent la nuit et la matinée du lendemain, attendant que le calme soit provisoirement revenu. Olivier Bohuon regagne alors la Jordanie en taxi car les pistes de l’aéroport venaient d’être détruites.
Pendant la guerre du Liban, il doit continuer à visiter tous les mois, ses agents installés dans les pays du Golf, Koweït, Jordanie, Syrie, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Sultanat d’Oman, Yémen sud, Arabie Saoudite et bien sûr le Liban.
La guerre rend parfois les communications difficiles et il ne peut se rendre au Liban que par bateau au départ de Chypre.
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Les geôles des pays arabes
En 1987, il réside à Djedda, ville située sur la Mer Rouge et qui est le point d’arrivée d’un grand nombre de pèlerins qui se rendent à la Mecque.
Un beau jour, il décide d’effectuer une sortie dans le désert avec ses enfants.
Il prend quelques photos de ses enfants avec en arrière plan ce qui devait se révéler être un terrain militaire.
Le lendemain, alors qu’il est à son bureau, la Police se présente et l’embarque.
Il n’est libéré que grâce à une intervention diplomatique.
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A Fujaïrah – Emirats Arabes Unis – il prend l’avion pour se rendre au Bahreïn.
De cet avion, il prend des photos d’un avion abattu par une frégate américaine. Mais il est vu par un Maréchal.
A son arrivée au Bahreïn, il est immédiatement arrêté et conduit au poste de police où il est maintenu pendant plusieurs heures avant d’être libéré, sa pellicule de photos ayant été saisie.
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Au Koweït, alors qu’il arrive avec différents collaborateurs, lui-même et ses collaborateurs sont arrêtés au motif que l’un d’eux était un… terroriste.
Placés en cellule à l’aéroport, ils sont ensuite transférés à la prison centrale et enfermés dans une cage comprenant 80 personnes.
Il téléphone à l’Ambassade de France et tombe sur un employé koweïtien qui lui répond simplement que s’il est en prison, il y a nécessairement une bonne raison pour qu’il y soit. Fin de communication.
Grâce à l’intervention du Quai d’Orsay, ils seront enfin libérés.
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La vie en Arabie Saoudite
Je ne connais pas ce pays mais j’avais l’image d’un pays développé et assez libre.
Loin s’en faut.
Il est, selon Olivier Bohuon qui y a longtemps vécu, le pays le moins libre du Moyen-Orient.
Les hommes et les femmes sont séparés, A l’aéroport, par exemple, existent deux salles d’attente, une pour les hommes, une pour les femmes
Une femme ne peut pas conduire une automobile.
Olivier Bohuon était obligé de remettre à son chauffeur une autorisation pour que ce dernier puisse conduire sa femme là où elle le souhaitait.
Sa femme était obligée de porter une longue robe noire, l’enveloppant du cou jusqu’aux pieds et se fermant par un grand nombre de boutons (style robe que portaient les prêtres autrefois ou robe d’avocat).
Sans doute par esprit de contestation et de rébellion, elle ne boutonnait pas les derniers boutons, laissant ainsi la robe ouverte jusqu’aux genoux.
Lorsqu’ils se promenaient dans les souks, les policiers religieux qui sont omniprésents, tapaient avec leur bâton sur les jambes d’Olivier Bohuon et le dialogue suivant s’engageait :
– « Est-ce que « ça » t’appartient ? » en désignant sa femme.
– S’il répondait « Non » parce que « ça » ne pouvait désigner sa femme et que la femme n’est pas la propriété de son mari, les coups reprenaient en s’accompagnant d’injures jusqu’à ce que sa femme boutonne sa robe jusqu’aux pieds.
L’alcool est interdit, ce qui n’est pas de nature à plaire aux français ni aux autre occidentaux d’ailleurs.
Chacun faisait alors son vin à la maison. Ils ajoutaient à du jus de raisin un peu de levure et laissaient fermenter. Le résultat n’était jamais à la hauteur de leurs espérances, le « vin », s’il est possible de lui donner ce nom, ainsi produit, titrait 15° et était infâme.
Ceci ne les empêchait pas d’organiser des concours pour couronner le moins mauvais. Mais encore fallait-il emmener son vin chez celui qui recevait ; pour échapper aux nombreux contrôles, ils dissimulaient les bouteilles dans les affaires des enfants.
Les anglais faisaient leur bière.
Ceci n’était pas sans risque, car s’ils étaient dénoncés par les domestiques, par exemple, ils encouraient la prison.
La consommation du porc est également interdite.
Le fin du fin était donc de manger du jambonneau au Madère.
Le jambonneau était importé par Thomson avec les armes et le matériel électronique.
Pour les saucisses sèches, elles étaient tout simplement dissimulées dans le pantalon. Or un jour, Olivier Bohuon fit l’objet d’une fouille comme cela arrivait parfois. En tâtant la saucisse, pendant à mi-cuisse, le policier qui pensait à autre chose que la pudeur ne me permet pas de nommer ici, lui dit « Oh ! pardon »
Quant au whisky, il était importé en remplissant des drivers ou consommé le vendredi soir au Consulat d’Australie.
En Arabie Saoudite, la Police religieuse est donc omniprésente, même dans les hôtels. La nuit, aux heures où les deux prières doivent être dites, un policier religieux vient frapper à toutes portes avec un bâton, en criant « Prayer time »
Le ramadan est imposé à tout le monde. Si quelqu’un ne le respecte pas, il est dénoncé à la Police.
Charmant pays, mais il en est de même dans bien d’autres.
Comment dès lors ne pas apprécier plus encore notre douce France.
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Notre ami, Olivier Bohuon, V.I.P. qui figure dans le Who’s Who, a su rester d’une parfaite simplicité et ainsi s’attirer la sympathie de tous.